Comme
souligné sur le site, la carrière de directeur sportif et
de sponsor de Jean de Gribaldy dans le cyclisme amateur franc-comtois
débute à la fin des années 1940. Mais c'est en
1964 que Jean de Gribaldy le devient à part entière dans
le cyclisme profressionnel. C'est Jean Leulliot, organisateur de la
Route de France (du 26 mai au 2 juin), qui alerte son ami Jean : "comme
la course se déroule en ta région, essaye de monter une
équipe". Jean déshabille 6 coureurs amateurs "Peugeot" du
secteur et les rhabille en "de Gribaldy". L'aventure commence,
l'équipe Grammont de Gribaldy la même année suivra.
Jusqu’en
1967, il dirige des équipes regroupant des coureurs
professionnels, indépendants ou amateurs hors catégorie.
La dénomination des équipes varie au gré du pays
dans lequel ont lieu les courses (France, Suisse, Allemagne).
C’est en 1968, avec l’équipe Frimatic-Viva-de
Gribaldy, qu’il dirige sa première formation
composée en majorité de professionnels, tout en
conservant évidement l'incroyable vivier amateur que constitue
l'Amicale Cycliste Bisontine.
Surnommé
"le Vicomte", "de Gri", ou encore "le Bisontin futé" par son
ami
écrivain et journaliste de génie Antoine Blondin,
il est célèbre pour avoir
découvert des champions comme l’irlandais Sean
Kelly, qui
remportera pas moins de 193 victoires, Le champion portugais Joaquim
Agostinho, le néerlandais Steven Rooks qui s'impose, en
quasi
inconnu à Liège-Bastogne-Liège en
1983, ou encore
les
français Mariano Martinez, Eric Caritoux, vainqueur du Tour
d’Espagne en 1984, René Bittinger, Serge Beucherie
et
Marcel Tinazzi.
Découvreur
de talent sans aucun doute, mais ce directeur sportif atypique et
omniprésent a su aussi redonner une chance
à de nombreux coureurs délaissés par
les autres équipes. Souvent à tort, tant leur
carrière prit une nouvelle dimension sous
l’impulsion de Jean de Gribaldy. Et quel
palmarès : Jean Jourden vainqueur des Quatre Jours
de Dunkerque en 1968, Michel Laurent victorieux à Paris Nice
en 1976, Tinazzi et Jean-Claude Leclercq Champions de France sur route.
Idem pour Serge Beucherie, en 1981, après avoir
été sans employeur l’année
précédente.
Ce qu’il
y a dans la tête des coureurs,
c’est là la préoccupation majeure de
Jean de
Gribaldy. Il en fait même sa profession de foi : "Je
ne suis
pas un directeur sportif mais un conseiller. Je dis au
coureur :
voilà une méthode pour parvenir. Maintenant si tu
en as
une autre, vas-y". Une manière douce et efficace
d’exercer
une pression constante sur ses hommes. D’ailleurs, il ne leur
fixe aucun objectif et dévoile le programme au dernier
moment.
Alors du même coup, pas d’inquiétude
préliminaire, pas d’angoisse (dixit Sean Kelly).
Ses
méthodes à l'ancienne ont longtemps fait sourire,
mais
elles avaient un mérite : conserver au coureur,
maître de son destin, une place centrale au sein de
l'équipe. Le facteur humain avant toute chose, avec la
diététique. Gare au surpoids !
Jean de
Gribaldy a toujours été un précurseur.
Toujours à l'affût de la moindre innovation
technique, il sera le premier à introduire les cadres Vitus
collés. A la fin des années 60, sur son
modèle, les équipes prenaient leurs quartiers sur
la Côte d’Azur en Février. Elles y
trouvaient presque tous les jours des courses de préparation
en vue des grands rendez-vous à venir comme Paris-Nice et
Milan-San Remo. Les coureurs n’étaient pas
payés pour y participer, ce qui leur enlevait de fait le nom
de "Critérium". En outre, avec Sean Kelly en particulier, il
démontrera qu'une saison réussie repose sur une
trêve hivernale courte.
Enfin, il
n'oubliera jamais la dureté du sport
cycliste, et de ce fait le très haut degré
d'exigence et
de sacrifice qu'il réclame.
Sa conception du cyclisme,
exprimée en ces termes, est reprise en avant propos du livre
"Carnets de Route", écrit par Bertrand Duboux (Editions
Slatkine, 2003) :
"Le cyclisme, c'est comme la boxe ; ce n'est pas un jeu. C'est un sport
dur, terrible, impitoyable qui exige de très
gros sacrifices.
On joue au football, au tennis, au hockey mais on ne joue pas au
cyclisme, encore moins à la boxe". |