Jean de Gribaldy : l'Ami
Jean était un ami fidèle et précieux, qui a durablement marqué la mémoire de ceux et de celles qui l’ont côtoyé. La riche rubrique témoignages du site en atteste, Jean ne laissait personne indifférent. Personnage hors du commun, il impressionnait par sa prestance, son charme naturel, son parcours atypique mais aussi, toujours, par sa gentillesse, sa simplicité et sa très grande disponibilité. C’était un homme de conviction et de parole, généreux, sur lequel on pouvait compter.

Raymond Gros, pilote chevronné à qui Jean ouvra les portes de l'aviation, évoque en ces termes la philosophie de vie du Vicomte :  "Il avait cette prédisposition, cette aspiration à donner leur chance aux jeunes, à leur accorder la possibilité de réaliser leur rêve, en leur offrant les moyens matériels de le faire… Jean savait tendre la main. Ce qu’il aimait, c’était visible, c’était aider l’autre à progresser, à donner un vrai sens à sa vie. Il était généreux. Et il avait une qualité incroyable, un don assez unique même, et c’est un point indispensable à rappeler : juger, avec une incroyable lucidité les hommes, déchiffrer une personnalité...".

Passionné d'aviation et pilote à ses heures, Jean de Gribaldy a longtemps possédé une compagnie aérienne, « Air Franche-Comté », aujourd’hui encore exploitée à l'Aérodrome de la Vèze à proximité de Besançon par son ami Claude Domergue. Jean transportera ainsi ses coureurs, mais aussi de très nombreuses étoiles du cinéma et de la chanson. 

Car effectivement, autre facette d'une personnalité riche et assez exceptionnelle, Jean était aussi l’ami des stars. Il avait ses entrées dans toutes les boîtes à la mode de Paris, de Megève ou de Cannes. « Il ne restait jamais bien longtemps sans sponsor. Il avait ses entrées dans les boîtes où se croisait le Tout Paris, et c'est bien souvent là qu'il réussissait à convaincre un sponsor de se lancer dans l'aventure » me confiera Raymond Poulidor. 

Il devient un proche de Johnny Hallyday dès l'été 1960, alors que Johnny se produit au Vieux Colombier à Juans les Pins après avoir publié en mars son premier disque "T'aimer follement" et dans la foulée, en juin, "Souvenirs Souvenirs". En est née une amitié qui n’a cessé qu’en 1987, à la mort de Jean. 

Dans le livre "Johnny Hallyday: Histoire d'une vie" (éditions Fayard, 2009), Jean-Dominique Brierre et Mathieu Fantoni rappellent cet incroyable fait d'histoire : "le 19 juillet 1961, Johnny signe un contrat avec Philips au cabinet parisien de maître Bretagne, avocat de Johnny Stark. 

Le 21 juillet, Johnny, Lee Hallyday et Claude Hautefeuille (pour Philips) se rendent à Viviers dans l'avion privé de Jean de Gribaldy afin de faire valider ce nouveau contrat par Hugette Galmiche, la mère de Johnny". 

A 18 ans, Johnny quitte ainsi les disques Vogue. Il est professionnel depuis à peine plus d'un an, a enregistré 35 chansons et a déjà vendu un total de 1 673 000 disques. 

Les deux hommes entretiendront une correspondance très régulière pendant le service militaire de Johnny à Offenburg, et Jean, très souvent, ira chercher Johnny en avion pour qu'il profite à plein de ses permissions tant attendues. 

Beaucoup de bisontins se souviennent encore des concerts de Johnny et de Sylvie Vartan au Palais des Sports de Besançon, que Jean n’avait pas manqué d’aller chercher en avion en s’envolant depuis les aérodromes de Thise où de la Vèze. Pour l’anecdote, la photo du 21 septembre 1969 que vous retrouverez dans la galerie photos précède un gala que donnera ce jour là Johnny à Besançon en compagnie de Sylvie, J.J. Debout et Carlos au Palais des Sports de la capitale comtoise. Jean était allé chercher Johnny et Sylvie à Venise, où ils s’étaient produits la veille au Festival Pop qui se déroulait au Palazzo del Cinema.

Jean admirait le chanteur mais aimait profondément l'homme qu'était Johnny, droit, fidèle en amitié, sensible et bien souvent solitaire. Ainsi passaient-ils de longues heures à parler ensemble de la vie et de ses aléas, en noctambules qu'ils étaient tous les deux. Les deux hommes savaient d'où ils venaient. Peu importait l'heure, Johnny appelait de Gribaldy quand il le voulait. Rien ne pouvait empêcher ces deux là de se voir et de se parler ! En compagnie de Jean de Gribaldy, Johnny n'était plus seulement l'idole, il était l'homme attentif, intelligent et fascinant qu'il n'a jamais cessé d'être.

Michel Sardou, Thierry Le Luron, Antoine Blondin, Jean-Paul Belmondo, Michel Audiard, Jean-Marie Rivière, André Pousse et Jean Carmet, José Giovanni, René Fallet, Jean Rochefort, Louis Nucéra, Carlos, Marcel Amont, Lino Ventura ou encore Jacques Brel étaient de ses amis. De même que les journalistes Jean Cormier, Roger Bastide ou encore Jean-Paul Ollivier, Philippe Brunel, Jacques Augendre, Michel Clare et Bertrand Duboux. 

Et évidemment de très nombreux champions cyclistes de sa génération (Geminiani, Coppi, Robic, Leducq, Brambilla, Guiguet, Bisilliat, Chaussabel, Deledda, Coste, Schotte, Rémy, Marinelli), mais aussi plus jeunes (Merckx, Anquetil, Poulidor, Van Looy, Pingeon). Beaucoup ont été surpris, au détour d’une rencontre fortuite, de découvrir l’étendue de ses relations et la richesse de son carnet d’adresses !

                                                                                                 

Que de longues et magnifiques soirées partagées à l’Alcazar de Jean-Marie Rivière, au 62 rue Mazarine au cœur du Quartier Latin, lieu mythique du cabaret et du music hall, ou encore à l'Ange Bleu et au Paradis Latin, chez Castel ou chez l’inimitable Michou. Impossible aussi de ne pas évoquer Megève, en amoureux de la montagne qu’il était : les "Enfants Terribles", « le Viking » et l’"Esquinade"...

La soirée finissait souvent au petit matin, le temps passait bien vite mais le plus souvent, sous le regard de ses amis, Jean remontait dans sa voiture et reprenait la route. Un rendez vous l’attendait à Paris, Besançon ou Madrid...

Retrouvez toutes les photos (rares et exceptionnelles) de Johnny et de Jean de Gribaldy ICI.
Anecdotes

Louis Bisilliat, ancien coureur, savoyard comme leur ami commun André Riolfo, a connu Jean dès 1952. Il rapporte cette délicieuse anecdote :

«A Megève, lieu de soirées mémorables aux Enfants Terribles et à L’Esquinade, où se croisaient Annie Cordy, Petula Clark, Michel Sardou, Régine, le baron Empain, Eddy Barclay et bien d’autres, on évoquait l’ami Jean en ces termes : « si tu dînes avec de Gribaldy ce soir, ne l’installe pas près d’un plante verte. Il ne boit pas et ne fait que tremper ses lèvres dans son verre. Il verse le reste dans le pot de fleur. Et c’est la plante qui dérouille ! »

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