AGOSTINHO Joaquim (Por)
BIVILLE Christian
BODIN Jean-Louis
BRAND Karl (Sui)
CADIOU Jacques
DALER Jiri (Tch)
DUPUCH Bernard
FRIGO Albert - amateur hors catégorie
GILLET Guy - quelquefois
GILSON Roger (Lux) - au Tour du Luxembourg
GRAIN Michel
GRELIN René
GUILLAUME Serge
GUTTY Paul - ac juin
HAGMANN Robert (Sui) - ac 1er juin
HARRISON Derek (Gbr)
HERBAIN James - cyclocross
IZIER Maurice
JOURDEN Jean
KÖCHLI Paul (Sui)
LEBAUBE Jean-Claude
LISARELLI Denis
MATHY Joseph (Bel) - décédé le 25
août
MATIGNON Pierre
MERTENS Théo (Bel)
MIRANDA Leonel (Por)
MOURIOUX Jacky
NORCE Gérard - amateur hors catégorie
PARIS Jean-Paul
PELCHAT Michel - cyclo-cross
PLANCKAERT Willy (Bel)
RAYNAL Jean
RIGON Charles
RIGON Francis
SANQUER Jean-Jacques
SCOB Michel - pistard
SPUHLER Willy (Sui)
VAN LANCKER Alain
VIFIAN Bernard (Sui)
ZIMMERMANN Emil R. (Sui)
Incertains
DE VILLE Bernard (Bel)
DUPUCH Bernard
LANCIEN Roger
Paris Nice 1969
Equipe FRIMATIC-DE GRIBALDY
81 HARRISON Derek (Gbr) np.5eA
82 PLANCKAERT Willy (Bel)
83 IZIER Maurice (Bel)
84 DALER Jiri (Tch)
85 SANQUER Jean-Jacques (Fra)
86 BODIN Jean-Louis (Fra)
87 VAN LANCKER Alain (Fra) ab.4e
88 JOURDEN Jean (Fra)
Tour de France 1969
81 AGOSTINHO Joaquim (Por)
82 BODIN Jean-Louis (Fra)
83 GUTTY Paul (Fra)
84 HARRISON Derek (Gbr)
85 IZIER Maurice (Fra)
86 JOURDEN Jean (Fra) ab.6°
87 LEBAUBE Jean-Claude (Fra)
88 MATIGNON Pierre (Fra)
89 PLANCKAERT Willy (Bel) hd.6°
90 RIGON Francis (Fra)
Lors de la 20e étape du Tour de France 1969 (un 18 juillet, c'est aussi l'anniversaire de Jean de Gribaldy), qui verra la
victoire de Pierre Matignon (alors lanterne rouge) au sommet du Puy de
Dôme devant Eddy Merckx, ce dernier et son
co-équipier
Paul Gutty (3e de l'étape) portent deux maillots
différents. Il semble que les coureurs
n’étaient
pas toujours en mesure de porter un maillot fourni par
l’organisation du Tour et se rabattaient sur une version
alternative fournie par leur sponsor habituel. C’est
certainement
le cas pour Gutty sur cette étape alors que Matignon porte
bien
le maillot estampillé « le Coq Sportif
», sponsor
officiel des maillots de ce Tour 1970.
(source
: http://www.memoire-du-cyclisme.net/)
Matignon,
une « Lanterne rouge » au nirvana : Tour 1969, par
Michel Crepel.
Chaque rubrique, article ou
portrait qui
alimentent les journaux ou éditoriaux de France et de
Navarre
sont consacrés, exclusivement et à juste titre,
dans la
majorité des cas aux exploits "Titanesques" des "cadors" de
la
discipline. Aujourd’hui, pourtant, je vais tenter de vous
narrez
la journée exceptionnelle d'un "sans grade", d'un "lampiste"
qui, pour sa première participation à la Grande
Boucle, a
osé dédier un autre néophyte de
l'épreuve
le "Roi Eddy", en personne.
En cette année
1969, le jeune Bruxellois
participe, en effet, pour la première fois au Tour de
France. La
"mise en bouche" est hallucinante, le futur "Cannibale", depuis le
départ de Roubaix, a attaqué tous les jours,
soutenu par
une formation Faema, qui n'a rien a envier à son
aïeule "La
garde rouge" de l'"Empereur d'Herentals". Des chiffres et des noms
reflèteront mieux que bien des mots la situation
"cauchemardesque" des adversaires du Belge en état de
"démence". Nous sommes à la veille de la
vingtième
étape et déjà les jeunes "loups" du
cyclisme de
demain que sont l'Espagnol Luis Ocana ou le Belge Roger De Vlaeminck
sont rentrés dans leurs foyers. D'autres, plus aguerris et
moins
novices tels le Belge Rik Van Looy, l'Allemand Rudi Altig ou
l'escaladeur Ibère Pérez Frances, pour ne parler
que des
plus représentatifs du cyclisme de ces années
là,
ont rendu les armes tétanisés par l'effroyable
puissance
dégagée par le leader des Faema de Guillaume
Driessens.
Les "survivants" encore dans la course, mais hors course, naviguent
dans les méandres d'un classement
général
"abracadabrant". Lucien Aimar, le lauréat de 66, est
à
plus d'une heure, Jan Janssens, le vainqueur de l'édition
précédente, accuse un débours de
quelques 48
minutes sur le "pourfendeur" de rêves. Seuls, si j'ose dire,
les
Français Roger Pingeon, grand "Magellan" de 67, et Raymond
Poulidor limitent la casse, mais à quel prix. Le leader
charismatique des Peugeot est classé second à 16
minutes
du Belge euphorique quant à notre "Poupou" National il se
situe
sur la troisième marche du podium à plus de 20
minutes !
Voilà la situation avant d'aborder une nouvelle, mais
dernière, difficulté de ce Tour 69
réputé
pour avoir été le plus difficile depuis la
reprise de
celui-ci en 1947. Et cette difficulté n'est autre que le Puy
de
Dôme véritable épouvantail pour les
rescapés
de ce long chemin de croix.
Au départ de
Brive, le matin de cette
vingtième étape, Pierre Matignon est
86ème et bon
dernier, il se voit donc affubler, pour la circonstance, de
l'honorifique "lanterne rouge" qui sied à tout coureur dans
sa
position. D'ailleurs, il tient à la conserver cette place,
ne
serait ce que pour les propositions alléchantes des
organisateurs de critériums d'après Tour. En
effet,
ceux-ci sont très friands de présenter de tels
coursiers
dotés d'une abnégations sans bornes à
vouloir
terminer l'épreuve coûte que coûte.
Dès le
départ les hostilités s'engagent par l'entremise
de
l'avant dernier du classement, le Belge André Willems qui se
sent, soudain, pousser des ailes. Au même moment, Matignon,
pas
franchement veinard, est victime d'une crevaison qui le rejette
à l'arrière du peloton lancé,
maintenant, à
vive allure. Après une accalmie circonstancielle, Roger
Pingeon
tente une sortie vite réprimée par les
coéquipiers
du Maillot Jaune. Au trentième kilomètre tout est
rentré dans l'ordre, à la grande satisfaction de
la
majorité des coureurs et Matignon a, ainsi, pu regagner sa
place
au sein du peloton sans dommage apparent.
Durant les cent bornes qui
suivent celui-ci
s'achemine à un "train de sénateur" puis au cours
de
l'ascension de la côte de Chavanon, située
à 66 Kms
de ligne d'arrivée, la bagarre prend, alors, une tournure
beaucoup plus pointue. Un Frimatic Viva De Gribaldy vient de prendre la
"poudre d'escampette" et tous les observateurs avertis lorgnent sur
leurs fiches afin de découvrir le nom de ce jeune
présomptueux. Dans la formation du "Comte" on pense
aussitôt et naturellement au Lusitanien Joachim Agostinho
déjà vainqueur à Mulhouse et
à Revel ou
pourquoi pas au Français Maurice Izier, transfuge du Tour
68,
mais pas un seul instant on ose imaginer la "lanterne rouge" Pierre
Matignon dans le rôle du fuyard. Et pourtant, il faut bien se
rendre à l'évidence, c'est bien l'Angevin, loin
très loin de la "douceur" de sa région natale,
qui
caracole en tête de la course au nez et à la barbe
de tous
les favoris encore présents. Devant un peloton
éberlué et surpris le Français s'offre
un avantage
substantiel de l'ordre de 3 minutes après vingt bornes de
manivelles. Cette avance croît inexorablement pour atteindre
les
cinq minutes à une trentaine de kilomètres du
but. On
note des tentatives de sorties à l'arrière
notamment du
Néerlandais Jan Janssens ou du Français
Désiré Letort mais les De Gribaldy, en
tête
desquels on remarque le plus souvent Agostinho et Lebaube, veillent.
A vingt
kilomètres du sommet du Puy de
Dôme Pierre Matignon possède,
dorénavant, 7'40" sur
le peloton et la silhouette majestueuse du "Géant" du Massif
Central apparaît devant les yeux
écarquillés et
quelque peu effrayés du Français. Les quatre
bornes de
montée au pourcentage régulier de 12,5 % a de
quoi
refreiner les ardeurs des plus audacieux, surtout quand ceux-ci (c'est
le cas de notre héros du jour) sont allergiques et
irrémédiablement fâchés avec
la montagne.
Toutefois, transcendé par l'énorme enjeu,
Matignon,
décide de faire face au "Monstre" Auvergnat en jetant toute
l'énergie de ses dernières forces dans un combat,
somme
tout inégal, mais tellement excitant et palpitant. Les
Peugeot
ont "embrayé" à l'arrière et
lancé la
chasse. L'avance de l'homme de tête n'est plus que de deux
minutes au panneau des dix derniers kilomètres, une vraie
"peau
de chagrin". Pourtant, Matignon ne se désunit à
aucun
moment, au contraire, c'est arc-bouter sur sa monture qu'il relance
l'allure. Aux premières loges du peloton, ou de ce qu'il en
reste, le Maillot Jaune prend
délibérément le
commandement des opérations en
accélérant le train
de manière à effectuer un
"écrémage" en
règle. Ce dont il s'acquitte à merveille, comme
d'habitude. Le Belge, assigne son lieutenant Martin Van Den Boosche au
rôle de "dynamiteur" et le "Grand" entame, alors, son travail
de
destructeur d'"âmes sensibles".
A l'issue de premier "coup
de balai" Eddy
Merckx y va de son solo coutumier, démarrage,
accélérations multiples et progressives.
Résultat,
dans sa roue n'est recensé, alors, que l'opiniâtre
résidant de St Léonard de Noblat.
Malgré le rush
démoniaque du Maillot Jaune, Pierre Matignon, imperturbable
en
apparence, franchit seul la flamme rouge de l’ultime
kilomètre. Un lacet plus bas Merckx a encore
accéléré l’allure et
décramponné, définitivement, le brave
«
Poupou ». Le Français possède un peu
moins de 500
mètres d’avance sur « Terminator
» à ce
moment de la course et les radioreporters sont en transe. En effet,
cette situation leurs rappelle une anecdote qui
s’était
déroulée au même endroit dix sept ans
auparavant.
Sur le Tour 1952, le Batave Jan Nolten s’était
retrouvé dans une posture identique à celle de
Matignon
aujourd’hui, hors un missile « sol-air »
(la
mobylette dans le texte) du nom de Fausto Coppi l’avait
rejoint
et avalé à quelque 200 mètres de la
délivrance . Néanmoins, il était
écrit que
cette fois ci, encore, la chance sourirait aux attaquants et
c’est dans un état de terrible souffrance que le
«
Lanterne rouge » arpente les derniers hectomètres
le
séparant du « Nirvana ». Titubant sur sa
machine,
saoulé de fatigue il franchit, enfin, la ligne salvatrice et
restera prostré, ainsi, sitôt celle-ci franchit
tel un
« zombie » cherchant,
désespérément
son second souffle qui ne viendra que bien plus tard. Le Champion Belge
franchit, à son tour, le sommet avec un retard de plus
d’une minute (1’25) sur le rebelle du jour. Cet
exploit,
que le seul le vélo nous permet de vivre, n’aura
finalement pas de lendemain pour le coureur du « Comte
» De
Gribaldy, toutefois, il en fera le « Seigneur » de
la
tournée des critériums
d’après Tour de cette
année là au même titre que son dauphin
en haut du
Puy de Dôme à savoir le nouveau «
Cannibale ».
Et ce n’est pas la moindre des reconnaissances.
|