Revoir cette photo sur le site web de Jean de Gribaldy me fait grand plaisir et rajeunir aussi de plus de 40 ans. Jean de Gribaldy nous a quittés, il y a bien longtemps déjà, puis est venu le tour de Jean Pierre Arthuis, suivi quelques années plus tard par mon ami Gérard Rochat. Cette photo me parle, bien sûr, mais elle ravive aussi des moments tragiques.
J'ai rencontré Jean de Gribaldy à mes débuts dans la compétition cycliste. J'avais 16 ans et j'ai pris une licence cadet à l'Amicale Cycliste Bisontine. Il est possible que la raison pour laquelle j'ai adhéré à ce club à mes débuts s’explique par la notoriété de Monsieur de Gribaldy. Monsieur Seltier était le président du club cycliste. J'avais cependant toujours plaisir de rencontrer Jean. "Salut Oudet", mais je ne me souviens plus des mots gentils qu'il me disait, moi un débutant.
Je me rappelle de la place qu'il tenait dans son magasin au centre-ville. Il était si dynamique et si jovial malgré sa petite taille. Il nous mettait en confiance, surtout qu'il nous présentait les cyclistes professionnels comme Jourden et Agostinho. Mes yeux s'écarquillaient également devant les Rochat, Lefort, Buffet, Henriet et Douçot. Nous avions accès à la piste de Besançon, cela nous permettait d'affiner notre pointe de vitesse. J'ai gagné ainsi de nombreuses primes mais une seule course en cadet. Nous étions toutefois quatre de l'Amicale cycliste bisontine dans les cinq premiers de Franche-Comté, cette année-là.
(de gauche à droite : Joseph Cousino, Bernard Prêtre, Daniel Gincourt, Patrick Ballet, Gérard Lacroix, ?, Roland Oudet et Alain Rocca).
J'ai eu l'occasion de revoir Monsieur de Gribaldy, lorsqu'il était directeur sportif d'une équipe professionnelle. Je m'étais rendu avec Philippe Perret, voir son frère Patrick courir les championnats de France, l'année où Villemiane, équipier d'Hinault, a gagné le maillot tricolore. C'était le 22 juin 1980 à Chambéry. Sur place, Jean est venu me dire bonjour et me demander des nouvelles de mon père, ancien cycliste également. Il se mettait à notre portée, nous parlait simplement. Je suis persuadé qu'il se comportait ainsi avec n'importe quelle personne.
Je garde de Monsieur de Gribaldy, le souvenir d'un homme dynamique, grand communicant, amoureux du cyclisme et d'une simplicité naturelle. Quand je passe de temps en temps devant son ancien magasin, place de la Révolution à Besançon, je pense toujours à lui et à ses proches qui tenaient la boutique.
Il avait fait venir Johnny Hallyday et Sylvie Vartan quand j'étais cadet. Nous, les jeunes cyclistes, étions devant les barrières sous la scène et sous les haut-parleurs. Je ne suis pas devenu sourd, mais la nuit suivante, j'entendais encore "Que je t'aime" en stéréo, très très fort (rires). Je n'ai rien dormi, mais j'étais tellement content que Monsieur de Gribaldy nous ait placés aux premières loges pour voir ce concert. J'en garde malgré tout un fantastique souvenir.
J'ai assisté à ses obsèques en l'église Saint-Pierre de Besançon parmi la grande foule de personnes qui tenait à l'accompagner une dernière fois. Anquetil, Poulidor, Kelly et bien d'autres étaient venus de loin. Tout le monde présent gardait en ce jour funeste l'image d'un homme d'envergure, pilote d'avion, ancien cycliste professionnel de qualité, puis élevé au rang de "Vicomte" comme directeur Sportif. Il a laissé un immense vide dans le cyclisme franc-comtois.
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