Jacques Marchand 4 Novembre 2008
J'ai bien connu Jean de Gribaldy, et cette photo me rappelle beaucoup de souvenirs. Je me produisais lors de la présentation de ses équipes à Paris, et c'était toujours avec un grand plaisir. Je me souviens qu'il était de Besançon, qu'il avait un commerce dans cette ville dont il parlait souvent. C'était la belle époque du Tour de France, et du grand podium Europe 1 dont j'ai été la vedette à 3 reprises. Que de beaux souvenirs !



Jean de Gribaldy, gentleman-constructeur

Si la rallonge de son nom y a aidé, ce sont plus ses manières, le soin de ses tenues vestimentaires et sa civilité qui lui ont valu le titre de Vicomte. Il y avait en lui, surtout dans sa façon d'aborder et de traiter les problèmes, une certaine noblesse.

Et pourtant, il ne s'est jamais comporté en aristocrate. Il n'était distant avec personne et surtout pas avec ses coureurs. Jean de Gribaldy avait des idées. Et en général ses idées n'étaient pas celles des autres. Elles étaient souvent originales, parfois semblaient farfelues mais ne laissaient jamais indifférents. Il était un constructeur pas seulement parce qu'il dirigeait une marque de cycles, mais aussi parce qu'il construisait un monde à lui.

Un peu maquignon, volontairement marginal, il avait le flair pour découvrir et encourager des talents. Il savait se remuer et se déplacer pour les dénicher. Sans lui, on n’aurait peut-être jamais connu Agosthino ou Kelly.

Jean de Gribaldy était en avance sur son temps. Il innovait, il imaginait. Il voyait arriver à grands pas l'ère de l'extra sportif et le profit que le sport cycliste pouvait et devait en tirer. Il n'a pas toujours été compris et entendu, même par nous journalistes, qui l'aimions bien, mais ne l'avons pas toujours pris au sérieux. Plus tard, certains d'entre nous se laisseront bercer innocemment par les beaux discours de Bernard Tapie, qui humainement et techniquement ne lui arrivaient pas à la cheville.

"De Gri" comme nous l'appelions familièrement n'était pas prétentieux, il était passionné, plus attentif au profit des autres qu'au sien. Le souvenir qu'il nous a laissé est celui d'un homme libre qui n'en faisait qu'à sa tête. Mais cette tête-là, au moins, nous était sympathique...



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NB : Jacques Marchand, né le 25 février 1921, est un journaliste, écrivain et historien du journalisme sportif. Spécialiste du cyclisme, il crée le Tour de l'Avenir en 1961. Il est engagé, en février 1946, par le quotidien sportif "Sports", et collabore ensuite à "Le soir", puis à "Libération". En 1955, il entre au quotidien "L'Equipe", ou de chef de la rubrique cycliste, il devient rédacteur en chef. Il est durant 15 ans la "voix du Tour" sur "Radio Tour". En 1977, il quitte l'Equipe pour "le Matin de Paris". A la même époque, il compte parmi les collaborateurs réguliers de "Miroir du cyclisme".

Au sein de la profession des journalistes sportifs, Jacques Marchand a été l'un des responsables de l'Union Syndicale des Journalistes Sportifs de France, désormais Union des Journalistes Sportifs de France, dont il est Président d'honneur. Il a participé aux activités du CFPJ, le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes.

Bibliographie sélective :
* Les Défricheurs de la presse sportive (2000)
* L'incroyable épopée de Marseille-Paris 1902 (2003)
* Les patrons du Tour : De Desgrange à Leblanc (2003)
* Anquetil le rebelle (2007)
* Vélolodrame (2008)


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