On l'appelait le Vicomte et de fait, Jean de Gribaldy incarnait l'aristocratie du cyclisme. Il ajoutait à l'élégance du geste la noblesse des sentiments et réunissait un ensemble de vertus devenues rarissimes au sein d'un monde impitoyable qui s'éloigne trop souvent des valeurs fondamentales. On appréciait sa courtoisie spontanée, sa bonne humeur permanente et sa philosophie empreinte d'humanisme.
Originaire de Besancon, comme Victor Hugo, Jean de Gribaldy était, avec Adolphe Deledda, le porte-parole du cyclisme franc-comtois. Il a joué un rôle essentiel dans le sport de la bicyclette auquel il était passionnément attaché. Il possédait la vocation d'un éducateur et d'un dénicheur de talents. Il eut le mérite de découvrir le portugais Joaquim Agostinho, ainsi que l'irlandais Sean Kelly. Jòel Pelier fut son élève. C'est lui qui encouragea Bernard Tapie à rejoindre la planète vélo.
Jean de Gribaldy a toujours redoublé d'efforts pour venir en aide aux chômeurs et aux économiquement faibles du peloton. Par ailleurs, il a fait entrer de nombreuses entreprises dans le sport qu'il aimait, notamment Frimatic, Hoover, Miko, Puch, Sem et la société américaine Skil.
Cet homme totalement dévoué à la cause du vélo n'a pas été remplacé. Il nous manque et il manque énormément à la confrérie cycliste.
NB : Jacques Augendre est né en 1925 à Paris. Il est l'un des plus grands spécialistes du cyclisme, qu'il a pratiqué en 1943 et 1944, avant de devenir journaliste sportif à L'Equipe (de 1946 à 1965), au journal Le Monde (de 1965 à 1990), au Midi Libre, au Télégramme de Brest ou encore au magazine Le Cycle (dont il fut le rédacteur en chef). Il travaille depuis 1991 comme consultant au sein de la société du Tour de France, pour le compte de laquelle il rédige chaque année le Livre Officiel.