Hommage à Jean de Gribaldy, "Le Bisontin futé ».
Je remercie et félicite l'auteur de ce site. Jean de Gribaldy mérite bien cet hommage. Après avoir retracé, saison par saison, au sein du magazine Collecyclisme, au fil des années 1980, les équipes dirigées par M. de Gribaldy, nous avions convenu, un soir de fin août 1986 à l'Hôtel Raintree Inn à Colorado Springs, ville où se disputaient les championnats du Monde sur route, de réaliser un ouvrage, intitulé "Jean De Gribaldy, le Bisontin futé", retraçant son épopée. Le récit de ses mémoires eut, en effet, été succulent ! J'allais prendre rendez-vous vers le 15 janvier 1987 : la mort en décida différemment, le 2 janvier. Aussi, ce site remplace parfaitement l'ouvrage qui ne lui a jamais été dédié. Car M. de Gribaldy était un Personnage : avec lui, on ne savait jamais où s’arrêtait la vérité et où débutait la légende !
L'un des plus beaux coups réalisés par ses coureurs interposés, ce fut certainement le championnat de France disputé le 26 juin 1977 à Chàteau-Chinon. Deux néo-pros, Marcel Tinazzi et René Bittinger, de sa structure franà§aise de 6 coureurs liée avec Flandria-Velda-Latina, décrochèrent les deux premières places, au nez et à la barbe des autres formations. Le soir, j'avais ramené René Bittinger à Besancon. Plus précisément au domicile de M. De Gribaldy, pour fêter le titre. Il y avait aussi Sean Kelly, dispensé de course ce jour-là, par défaut de championnat pro en son pays. Le téléphone n'avait cessé de sonner, pour des messages de félicitations. Je n'étais reparti qu'à 4 h du matin, écoutant, émerveillé et conquis, les propos et récits de M. de Gribaldy. Au fond de lui-même, le Vicomte jubilait. Lui qui se retrouvait souvent en conflit avec la Fédération, goutait ce doublé réalisé par ses deux jeunes néo-pros, 7 ans après l'étrange déclassement de Paul Gutty.
Un de ses secrets : choisir des coureurs issus d'un milieu modeste, qui avaient "faim". Il leur demandait de ne pas écouter les charlatans et de n'avoir pas recours à la pharmacie. Plutà´t qu'un médecin au sein de son équipe, il préférait donner une chance à deux néo-pros supplémentaires. Pour ma part, j'ai apprécié de collaborer avec M. De Gribaldy : suivant de très près le cyclisme amateur (ayant créé dès 1970 un classement national, soit un quart de siècle avant la FFC), je ne manquais pas de lui recommander tel ou tel jeune. A leur passage en pros, Dominique Sanders (216 victoires conquises en Espagne, à l’âge de 19 ans), Eric Dall'Armellina ou Christian Calzati étaient inconnus, même pour le sectionneur national.
Le fameux flair du Vicomte n'était pas que légendaire. Il disait : "Je réunis des inconnus, des laissés pour compte et finalement, je constitue des équipes qui tiennent la route". Souvent aussi, il ne trouvait ses sponsors qu'à l'aube de la saison à venir. Il avait ses vedettes, ses jokers et ses "coureurs à la carte". Tout en donnant l'impression d'improviser en permanence. Tout cela avec un éternel sourire, mi-amusé, mi-narquois. Jean de Gribaldy avait son style. Il était un adepte des thèses marginales et des méthodes dites naturelles, en ce qui concerne la préparation et l'homéopathie, pour les soins. A Bertrand Duboux, de la télévision romande, qui considérait que le Vicomte ne disposait pas d'une équipe structurée, il répondit : "Si vous appelez une équipe structurée une formation qui dispose d'un autobus, d'un charlatan de docteur, de piqures et de seringues, alors là, j'ai vraiment l'équipe la plus mal organisée de toutes, car je n'ai rien de tout cela".
N.B : Alfred North, ancien coureur cycliste de 1961 à 1975, créateur du premier classement national amateurs de 1970 à 1995, auteur de nombreux ouvrages sur le cyclisme.
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