Raphaël Geminiani Septembre 1987
"En 1945, alors que nous étions jeunes coureurs, j’avais dans les courses régionales fait connaissance du bisontin Jean de Gribaldy. Dans le Tour de France 1947, Jean courait sous le maillot Nord-Est, j’étais sous les couleurs Sud-Ouest-Centre. Depuis cette époque, nos routes ont été parallèles, et une saine, sincère, et longue amitié nous unissait.

Aussi depuis sa disparition, je ne cesse d’être triste et songeur en pensant que durant ces 40 années -un temps énorme - il lui a fallu toujours se battre sans convaincre, entreprendre sans succès, lutter sans gagner, pour ce sport cycliste qu’il connaissait et aimait mieux que tout le monde. Il l’adorait aussi, comme peu peuvent le prétendre aujourd’hui.
Ces dernières années avaient été bien meilleures, et là et enfin, mais trop rarement ou chichement à mon goût, on lui reconnaissait des réelles compétences et qualités. Alors que l’on ne manquait pas d’abreuver d’éloges certains dans ce même métier beaucoup plus jeunes, qui n’avaient encore que peu entrepris, et surtout très peu réussi. C’était cette furieuse injustice qu’il ne manquait pas, avec justes raisons, d’invoquer parfois.

Je reste songeur de constater et de voir ces nombreux témoignages tardifs lui revenant, surtout de la part de ceux qui ne le ménagèrent guère durant son long parcours. Même si j’en suis ravi, je ne peux que constater que c’est trop peu, et trop tard, car Jean de Gribaldy aurait mieux aimé de son vivant sentir dans le milieu cycliste un peu plus d’amitié, de justice, et surtout de la reconnaissance.

Demeure la joie de constater que dorénavant, son exemple, son travail, son souvenir ne sont pas prêts d’être oubliés. Avec ce sourire qui n’appartenait qu’à lui, je suis sûr que Jean savoure enfin cette grande victoire".


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